Les formats de capteurs

Chambre photographique :

Au début, il y avait la chambre et pas autre chose, une grosse caisse de bois montée sur le trépied que l’on aperçoit notamment dans quelques films. Nous avions alors une taille de captation de la lumière qui pouvait aller jusqu’à 20×24 cm voir 30cm par 30cm. Le support était des plaques de silices très fragiles. Aujourd’hui peu de personne l’utilise, sa date de création est en 1839. 

Moyen format :

Au commencement de la photographie  » mobile  » nous avions le droit au moyen format, la taille de la pellicule était alors de 6×4,5, 6×6, 6×9 et jusqu’à 6×24 cm. Il est encore utilisé aujourd’hui que ce soit en argentique ou en numérique pour des shootings ou les moyens et la qualité prime. Le coefficient multiplicateur est variable en fonction de la taille mais inférieur à 1,cela veux dire qu’un 100 mm fera 100×0,6 soit 60 mm avec un capteur de 44×33 mm. La date de création du moyen format est en 1901 par Kodak. 

24×36 :

Pour un grand nombre de personne, c’est le format traditionnel en photographie. Néanmoins, il fut adopté par commodité avec du film cinématographique au début du vingtième siècle. Son coefficient multiplicateur est égal à 1. Le système étant la référence actuelle, il n’y a pas de conversion de focale à effectuer. Date de création: 1925.

APS-C :

Ce format existait déjà, contrairement à ce que j’ai susmentionné au temps de l’argentique. Plus petit, il mesure en moyenne 16,5 x 24 mm, ce format n’a jamais vraiment trouvé sa place en argentique, les promesses étaient de posséder un boîtier moins volumineux et de plus petites optiques. Nous pouvons faire le parallèle sans grand risque entre cet argument, et l’actuel discours de Fujifilm pour sa gamme APS-C. Pour ce qui est du numérique, face à la difficulté et au coût prohibitif de fabrication de grands capteurs, il trouva une place de choix. À présent, il occupe le gros du volume des ventes toutes marques confondu. Le coefficient multiplicateur est de 1,5 pour l’ensemble des marques à l’exception du Canon qui est à 1,6. Il fut développé dans les années 80.

Nous pouvons donc voir que la surface de captation de la lumière à rétrécie comme peau de chagrin au fil du temps, que ce soit pour des raisons pratiques ou économiques. Aujourd’hui, le plus gros volume des ventes est toujours du côté des capteurs APS-C. Ci-dessous un récapitulatif des tailles de capteurs emprunté à Wikipédia.

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(Vous noterez que le format APS-H de canon n'a pas été réédité.)

Pour information les formats les plus petits de 1 /2,5 » et 1/ 1,8 » se retrouvent dans nos smartphones actuels. Ce qui explique la disparition des appareils photos compacts qui utilisaient le même matériel.

Les AVANTAGES et INCONVÉNIENTS :

Je ne parlerais pas du moyen format , et resterai cantonné aux formats photographiques courant, mais avant toute chose voyons le tableau de conversion des focales, ces dernières changent en fonction de la taille du capteur et du coefficient multiplicateur:

24x36             APS-C        APS-C ''Canon''         M 4/3
 10 mm            15 mm            16 mm               20 mm
 18 mm            27 mm            29 mm               32 mm
 35 mm            52 mm            56 mm               70 mm
 50 mm            75 mm            80 mm               100 mm
 85 mm            105 mm           112 mm              170 mm
 200 mm           300 mm           320 mm              400 mm
 300 mm           450 mm           480 mm              600 mm

Coefficient : 24×36 = 1
                            APS-C = 1,5 ou 1,6 pour Canon
                            M4/3 = 2

Format 24×36

Avantages :

-Meilleure qualité d’image en basse lumière à pixel égal.
-Transition du net vers le flou plus douce aux grandes ouvertures.
-Zone de netteté plus petite à ouverture égale avec unAPS-C ou M4/3. -Facilité de créer un grand angle, car il n’y a pas de coefficient multiplicateur, de par ce fait un 10 mm reste un 10 mm par exemple.
-La dynamique du capteur est en général très bonne.

Inconvénients :

-Besoin d’objectifs qualitatifs.
-Plus onéreux.
-Plus lourd que ce soit pour le boîtier ou les objectifs. Ceci malgré que les hybrides aient permis de perdre en volume et en poids.
-Il faut fermer le diaphragme pour avoir une zone de netteté équivalente à un APS-C ou un m4/3, et par ce fait parfois monter en sensibilité. Ce qui fait en quelque sorte perdre l’avantage de la qualité d’image en basse lumière.
-Une longue focales plus difficile à obtenir.

Format(APS-C)

Avantages :

-Bien moins onéreux à l’achat quand on se contente d’un boîtier entrée de gamme.
-Possibilité d’avoir un téléobjectif pour une « modique somme » grâce au coefficient multiplicateur.
-Encombrement inférieur avec des objectifs étudiés pour ce format.
-Très bonne dynamique du capteur, bien que parfois en retrait face au format 24×36.

Inconvénients :

-Difficulté d’avoir un grand angle ceci est dû au coefficient multiplicateur.
-Impossibilité de rivaliser sur les très grandes ouvertures, vous n’aurez jamais de zone de netteté aussi petite que sur un 24×36 équipé d’un 85 mm f1,2 L Canon par exemple.
-Définition inférieur au format 24×36 sur la même génération de boîtier.

Format M4/3

Avantages :

-L’encombrement du kit boîtier/objectif est bien plus faible que sur les deux autres systèmes.
-Le coefficient multiplicateur de 2 vous permets d’obtenir un 600mm avec l’encombrement et le prix d’un 300 mm .

Inconvénients :

-Grosse difficulté pour avoir un grand angle. Il est encore plus difficile d’isoler son sujet car la zone de netteté est plus grande que sur APS-C.
-Dynamique du capteur en retrait vis a vis des deux autres formats (pour des boîtiers sortis sur la même période).
-Le prix peut être un inconvénient, les M 4/3 haut de gamme ne sont pas bon marché.
-Définition inférieur au 24×36 sur la même génération de boîtier.

En Pratique

Je vais ESSAYER de faire le point sur 3 éléments de discorde.
La profondeur de champs :

Nous entendons souvent voir toujours: «si tu n’as pas de grands capteurs, tu ne peux pas faire de portrait»; «tu auras du mal en paysage et tu n’auras pas un beau bokeh»; ou encore «la transition nette floue ne sera pas douce ».
Dans l’absolu, il est certain que plus le capteur est grand plus il est facile d’avoir une faible PDC et d’avoir un grand angle. Mais en pratique qui fait ses portraits au 50 mm à f1,4 ? Et tous ses paysages au 14 mm ? A quoi sert-il d’avoir un œil de net et pas l’autre?
En effet si vous photographiez un couple ou un groupe, vous aurez la netteté que sur l’œil d’un sujet, sauf à les aligner contre un mur et encore…( peut-être un concept en devenir). Les très grandes ouvertures ne concernent qu’une infime partie des photographies, même si bien évidemment il y aura toujours celui qui a collé son diaphragme sur la plus grande ouverture et que ça ne dérange pas. Pour ce qui est des paysages, il est très difficile de faire de bonnes photographies au très grand angle, le premier plan laisse souvent un vide ou pire un obstacle dans la composition. Et de par ce fait, il est plus réservé aux amateurs  » experts « .
Pour en revenir à notre portrait de couple,vous devrez fermer votre diaphragme pour avoir les deux sujets nets. Avec un 24×36 vous devrez fermer à F 5,6 alors qu’avec votre APS-C vous serez à f4. Les deux images auront alors approximativement la même zone de netteté.
A focale équivalente, par exemple 35mm pour l’APS-C et 50 mm pour le 24×36, il est quasiment impossible de dire qui est qui, vu le peu de différences entre les clichés des deux formats.

Alors certes, qui peut le plus peut le moins, vous disposez de possibilités créatives supplémentaire. Cependant, les quelques photographies réussies que vous ferez valent elles des euros supplémentaires? Avant de vous engager analysez vos photographies via les EXIFs, et faite un état des lieux. Voici quelques exemples de photos avec un canon 100 F2 monté sur un 5d Mk2.

En ce qui concerne le M4/3, je ne le mentionnerais pas car il est vraiment plus difficile d’isoler un sujet avec ce format. Bien que ce soit possible avec de merveilleux résultats, l’investissement en optique ultra lumineuses est inadéquat pour un format dont ce n’est pas le point fort. C’est un peu comme vouloir faire une course de formule 1 avec un voiture de rallye. En revanche, en paysage et malgré le fait que le coefficient multiplicateur soit de 2, il s’agit d’un bon boîtier, avec un grand angle de 10mm ou 15 mm. Ce type de capteur vous donnera des images nettes sur tout les plans dans la plupart des cas et ce même au ouverture les plus grande.Il trouve également sa place en reportage ou la discrétion et la réactivité sont essentielles.

Histoire de couple: le diaphragme et la sensibilité :

Le deuxième point que je souhaiterais aborder, nous avons vu ci-dessus qu’à ouverture égale le 24×36 à une plus faible profondeur de champs que l’APS-C et encore plus que le m4/3 cela va sans dire. Vous devrez donc fermer votre diaphragme et de par ce fait monter en sensibilité. Vous voyez où je veux en venir? L’avantage de la taille dépendra énormément des conditions de prise de vue.
Par exemple, vous souhaitez faire une photo de groupe ou vous êtes en soirée à un mariage et vous n’avez pas de flash sous la main. Votre 50 mm f1,4 est pratique et lumineux mais a f1,4 vous n’aurez pas tout le monde. Il va donc falloir fermer à f5,6 voir plus. Il vous faudra également monter la sensibilité si elle n’est pas en auto. En APS-C votre 35mm f1,4 couvrira la même zone de netteté à f4. Vous éviterez donc de monter les ISOs. Cela peu paraître anodin aujourd’hui car les boîtiers montent à des niveaux records mais pour ceux que le marché de l’occasion intéressent cela peut vous être utile.

Voir le petit tableau ci-dessous pour résumer ce qui a été dit plus haut ( attention ce dernier est purement théorique ):

 Capteur    24x36    APS-C    M 4/3
 Vitesse    1/ 125e  1/ 125e  1/ 125e
 Diaphragme f4       2,8      f2
 ISO        800      400      200

Note : les équivalences sont pour un objectif 50mm ouvert à f4 en 24×36. Soit un 25 mm à F2 pour le M 4/3 et un 35mm à F2,8 pour l’APS-C.

Une histoire de Poids et de taille

Si vous vous dîtes : « Je souhaiterais passer à plus petit car le 24×36 est trop lourd et trop encombrant ». Cette phrase qui arrive souvent lorsque las de transporter des kilos de matériels le photographe souhaiterais revenir à quelques chose de plus simple, plus spontané.
Votre souhait serait donc, de passer à un format de capteur plus petit.
Et bien pour ceux qui ont déjà eu cette réflexion, grâce aux hybrides nos précieux boîtiers ont fait un petit régime, dans certains cas ce dernier fut drastique! Non seulement les boîtiers ont  » rétréci » mais en plus, ils sont beaucoup plus léger. Il n’y a donc plus beaucoup de différence entre un Sony a 7 ( 24×36 ) et un nex 7 de la même marque ( en APS-C )ou même un Fuji ( APS-C) .
Du coté des objectifs, c’est une histoire plus compliquée. Si nous prenons en compte les coefficients multiplicateurs sans se soucier d’une équivalence de profondeur de champs, il est certain que le 35 mm f2 en APS-C sera plus petit et léger que son équivalent 50 mm en 24×36.Et c’est encore plus vrai, pour un 25 mm en m4/3.
Par contre, comme nous l’avons vu plus haut, plus un capteur est petit et plus il faut ouvrir pour avoir les possibilités créatives d’une faible profondeur de champ. Il nous faudra donc des optiques plus ouvertes en aps-c et extreme en m4/3. Voyez les valeurs suivant.

 
 Monture    M4/3  APS-C 24x36
 Objectif   25 mm 35 mm 50 mm
 Ouverture  F0,6  F0,8  F1,2
 Ouverture  F0,7  F1    F1,4
 Ouverture  F1,4  F1,8  F2,8
 Ouverture  F2    F2,8  F4

Il suffit d’observer le petit tableau ci dessus pour s’ apercevoir que certaines correspondances n’existent tout simplement pas. Sachez également  qu’en règle général la qualité d’un objectif suit une courbe ( voir ci dessous).

courbefini

Comme on peu le constater un diaphragme très ouvert ne donne pas forcement le meilleur de votre objectif en ce qui concerne la netteté. C’est un handicap pour ceux qui souhaitent faire des photographies aux grandes ouvertures en APS-C. Effectivement, pour obtenir un beau bokeh, vous devrez ouvrir très grand là où avec un 24×36 vous pourriez fermer d’un cran et par ce fait gagner en qualité d’image. Sauf évidement, si vous chercher de la douceur dans vos images.

A celui qui souhaite vraiment partir léger, je dirais qu’un m 4/3 est ce qu’il faut. Pour ce qui est du choix entre le 24×36 et l’APS-C, le poids ne devrait pas véritablement entré en ligne de compte, sauf évidement s’il s’agit d’un reflex traditionnel nommé DSLR. Je n’ai pas encore parlé des reflexs entrée de gamme classique en APSC, plus gros et plus lourd que les hybrides. Ils sont néanmoins bien plus léger et moins imposant que leurs grands frères en 24×36. Cela peut être une solution économique à qui s’intéresse à la photographie. Il faut cependant faire attention car rien ne dis que la gamme des DSLR perdurera dans le temps.

La  »qualité  » d’image

Une autre idée préconçue, avec un 24×36 j’aurais une meilleure qualité d’image parce que le capteur est plus grand, elle sera donc plus nette.
Pour ce qui est de la netteté, elle n’a rien a voir avec la taille du capteur , c’est plutôt une synergie taille du capteur/nombre de pixel/objectif.

Dans l’absolue avec les meilleures optiques du marché adaptées aux très hautes résolutions, oui, il est évident qu’un 24×36 aura une meilleure résolution et par ce fait souvent une meilleure définition (netteté). Surtout que les photosites (ce qui compose les capteurs et capte la lumière) sont plus gros que sur un capteur APS-C ou la densité de pixel est souvent plus importante du fait d’une surface moins grande, et requière donc de très bonnes optiques.
Néanmoins, cette qualité n’est pas réellement utile. En effet, cela relève souvent plus d’un syndrome bien connu depuis l’arrivée du numérique, les malades atteints par ce dernier ont une tendance à forcer le zoom jusqu’à 400% voir plus sous Photoshop.
Observer ses photos sur un écran c’est bien mais sur un tirage c’est mieux, combien d’entre vous font des tirages A3, A2, A1? Car bien souvent, il n’y a que peu de différences entre un m4/3 un APS-C et un 24×36 jusqu’au A3+. J’ajouterais même que la différence entre un tirage à 10 mpix, 16 mpx, 24 mpx, 32 mpx est quasi invisible sur un tirage A3 type fine art. Le tout est de tomber sur une personne compétente.

Plus sérieusement et pour finir si nous avions à comparer l’antique format de chambre en 8×8 à un m4/3 APS-C ou même un 24×36 nous verrions une différence flagrante et évidente. Mais soyons honnête les détails mentionnés plus haut se révèlent plus être des options d’utilisation que des changements de qualité. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter, que ce soit en APS-C ou en 24×36, le boulot sera fait. De plus, sachez qu’à l’heure actuelle, il n’existe plus à proprement parlé de mauvais boîtier. Si vous souhaitez changer de matériel ne perdez pas de vue qu’il ne s’agit que d’outils. Ce n’est pas le boîtier qui est doué mais le photographe qui est derrière.